La classification ABC

Objectifs

« Je dois gérer plusieurs centaines voir plusieurs milliers de produits ! Je ne sais pas par où commencer ! L’ampleur de la tâche est immense ! »

C’est l’une des difficultés rencontrées par les prévisionnistes, les approvisionneurs et les Supply Chain managers : comment être plus efficace dans un temps limité !

Le levier le plus efficace pour répondre à ces questions est de classer ses produits puis se concentrer sur les articles qui ont vraiment de l’impact sur votre business. Pour cela il faut :

  • Classer ses produits
  • Définir des objectifs adaptés à chacune de ces catégories
  • Travailler par exception et par priorité en commençant par les tâches les plus importantes.

Il existe plusieurs manières de classer ses produits, cette fiche pratique décrit la classification ABC, ses limites et propose quelques améliorations.

Diviser pour mieux prioriser !

L'analyse ABC

Définition

L’analyse ABC est une méthode de classification utilisée dans les processus Supply Chain, comme la gestion de stock ou la prévision des ventes. Elle découle du principe de Pareto, aussi appelé loi des 80-20, qui est un phénomène empirique régulièrement constaté qui remarque que 80% des conséquences découlent de seulement 20% des causes.

On retrouve cette corrélation dans énormément de domaines. Par exemple :

  • 20% des produits représentent 80% de notre chiffre d’affaires
  • 20% des clients génèrent 80% de notre chiffre d’affaires
  • 20% des produits représentent 80% de notre valeur de stock

Même si la répartition 80-20 n’est que rarement exacte, l’idée de base est presque toujours vérifiée. Une minorité de vos produits représente une grande majorité de votre business. Il est donc important d’apporter d’autant plus d’attention à ses produits.

L’objectif va donc être de classer vos produits en 3 catégories :

  • Classe A : les produits à suivre attentivement : les articles générant le plus de chiffre d’affaires (ou de volume). La barre choisie est souvent de 80% de la valeur totale. Ils correspondent généralement à entre 10 et 25% du nombre de références en stock.
  • Classe B : les produits moyennement importants qui représentent 15% du chiffre d’affaires. Ils représentent en moyenne 30% du nombre total des produits. 
  • Classe C : Les produits moins importants qui ne représentent que les 5 derniers % du chiffre d’affaires alors qu’en moyenne ils représentent 50% du nombre total des produits.
Méthode de classification des produits dans la Supply Chain - Classe ABC
Méthode de classification ABC - Exemple d'un client dans la distribution spécialisée (46 000 références)

Comment faire une analyse ABC ?

Cette classification est généralement faite sur l’historique de ventes de la dernière année. Elle peut être faite en volume ou en valeur. Il est cependant préférable de le faire en valeur s’il existe des très gros écarts de prix et de volumes au sein des produits que vous commercialisez (exemple : boulons et perceuses). 

On utilise cette classification en prévision, dans l’analyse des stocks ou dans tous les processus métiers. Cette classification peut également être effectuée sur la valeur du stock. Ainsi on peut remarquer les produits qui engendrent la plus grande partie de la valeur du stock.

Pour faire une analyse ABC, il suffit de :

  • Récupérer l’historique de ventes des 12 derniers mois de ses produits
  • Trier ses produits par ventes décroissantes
  • Calculer le pourcentage de chiffre d’affaires que représente le produit sur le chiffre d’affaires total
  • Cumuler dans l’ordre décroissant ce pourcentage
  • Définir les bornes des classes
  • Affecter les classes en fonction de ces bornes.

Si vous désirez en savoir plus, n’hésitez pas à me contacter grâce au formulaire de contact.

Comment améliorer la classification ABC ?

La classe N

L’analyse ABC ne prend pas en compte le fait qu’un produit soit nouveau. Pour remédier à cette limite il existe plusieurs solutions :

  • Faire l’analyse sur la prévision de ventes. Cependant, la prévision des nouveautés étant souvent peu fiable, cela n’est pas forcément la meilleure solution.
  • Affiner la règle de calcul en ajoutant la distinction et les règles suivantes :
    • Le produit est un produit remplaçant : on prend alors l’historique du ou des produits remplacés pour calculer la classe.
    • Le produit est une réelle nouveauté : on ajoute une classe N.

Nous obtenons grâce à cette dernière solution une classe ABCN. Elle comporte le gros avantage de pouvoir identifier facilement les nouveautés, permettant ainsi d’ajouter facilement un processus dédié. Séparer et s’intéresser particulièrement aux nouveaux produits permet de :

  • revoir avec le commerce et le marketing la prévision de ces produits en réunion
  • étudier plus fréquemment l’évolution des ventes
  • alerter l’approvisionneur qu’il y a un plus gros risque d’erreur dans la proposition de commande automatique de ce produit

Les produits "critiques business"

Il existe dans certains marchés des produits vendus plus rarement mais qui ont une importance capitale pour l’entreprise. Prenons l’exemple d’une personne allant dans un magasin de sport et désirant commencer le tennis. S’il ne trouve pas une raquette pour débutant qui lui convient il va changer de magasin et ne va pas acheter tout le reste de l’équipement : balles, baskets, … Les produits vendus moins fréquemment peuvent tout de même être « critiques business » alors qu’ils ne pas ressortent pas en classe A. La solution est donc de se rapprocher de son département commercial afin qu’ils établissent la liste de ces produits et de les inclure dans la classification.

Pour identifier ces produits, je leur donne la classe A². Ils ont la même importance qu’un produit de classe A et nous gardons l’information que la donnée vient du commerce et que cela ne vient pas du calcul.

A quoi sert l'analyse ABC ?

Grâce à la méthode ABC on peut déduire l’importance d’un produit sur notre business.

Il devient possible de :

  • Fixer des objectifs différents selon la classe. (Exemple : pour les classes A : 99,5% de taux de service et 90% de fiabilité des prévisions | pour les produits de classe B : 99% de taux de service et 80% de fiabilité des prévisions…)
  • Construire un processus priorisant les produits importants. (Exemple : Les approvisionneurs regardent en premier les ruptures des produits de classe A, puis de classe B, …)

L'erreur à ne pas faire !

Il faut faire attention à ne pas déduire trop de règles de cette classification.

Il existe une erreur que j’ai déjà pu rencontrer fréquemment. Cette erreur est d’affecter une grande couverture de stock cible (ou un gros stock de sécurité) sur les produits de classe A. Par exemple de dire que l’objectif est d’avoir 20 jours sur les articles de classe A, 10 jours sur les articles de classe B et 5 jours sur ceux de classe C. Ce raisonnement a du sens mais il ne tient pas compte de la difficulté de prévoir l’article.

Il existe une autre classification qui permet de compenser cette limite : la classification XYZ.

La démarche adéquate est de :

  • Déduire de la classification ABC des objectifs de taux de service.
  • Définir grâce à la classification XYZ la volatilité ou l’incertitude prévisionnelle.
  • Calculer à l’aide du taux de services cible, de l’incertitude et du délai d’obtention du produit un stock de sécurité ou une couverture cible.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la classification XYZ : voir la fiche pratique de la classification XYZ.

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